Le virus hautement pathogène de la grippe aviaire abrite, dans sa configuration, une cavité d'un millionième de millimètre de long.
Celle-ci pourrait permettre de développer des médicaments plus efficaces, selon des chercheurs britanniques.
Le virus H5N1 de la grippe aviaire aurait un talon d'Achille que pourraient prendre pour cible de nouveaux médicaments plus efficaces. Des chercheurs du National Institute of Medical Research, à Londres, l'affirment dans une étude mise en ligne mercredi sur le site Internet de la revue Nature.
Même si l'oseltamivir (nom commercial Tamiflu) et le zanamivir (Relenza), déjà stockés par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et plusieurs gouvernements en prévision d'une hypothétique pandémie humaine, ont montré une certaine efficacité contre ce virus, il serait possible de faire mieux, estiment les scientifiques.
Un nanomètre de long
Le H5N1 à l'origine de l'épizootie actuelle tire son nom des deux protéines de son enveloppe : l'hémagglutinine (H) et la neuraminidase (N), qui existent sous différentes formes (identifiées par des numéros) dans les virus de la grippe humaine ou aviaire. La neuraminidase permet aux virus de s'échapper des cellules où ils se sont multipliés et de continuer à propager l'infection. L'oseltamivir et le zanamivir visent justement à inhiber (bloquer) cette action.
Ces médicaments ont été mis au point en adaptant leur structure moléculaire à la configuration des neuraminidases N2 et N9, les seules (pour les virus grippaux du groupe A) dont la structure avait alors été étudiée. Or, la neuraminidase N1 (tout comme N4, N huit) a une forme différente des neuraminidases N2 et N9.
Ainsi, lorsque le médicament se lie à la neuraminidase N1 pour bloquer son action, il reste un espace libre, une minuscule cavité d'un nanomètre (millionième de millimètre) de long et de 0,5 nanomètre de haut et de large. D'où l'idée, selon les chercheurs, que de nouveaux inhibiteurs de la neuraminidase s'emboîtant parfaitement dans cet espace pourraient être plus efficaces contre les virus H5N1 aviaires ou H1N1 de la grippe humaine.
Vacciner à 90% ou plus sinon...
D'après les chercheurs de l'Université d'Edimbourg, pour réduire de moitié la probabilité d'une flambée de grippe aviaire dans un élevage, 90% au moins des volatiles doivent être protégés par le vaccin, en supposant que celui-ci soit totalement efficace. La probabilité d'une contamination silencieuse d'un élevage par un autre est particulièrement élevée lorsque la protection vaccinale atteint 80%. "Lorsque la proportion de volatiles vaccinés augmente, moins d'oiseaux sont contaminés, mais les flambées sont plus difficiles à détecter", expliquent les chercheurs dans Nature.